En 1977, Penny Rimbaud, écrivain, poète, peintre ou encore philosophe, fonde le collectif multimedia CRASS avec Gee Vaucher - dite G. - artiste libertaire londonienne qui en assure la direction artistique. Puissante et néo-dadaïste, leur esthétique se manifeste au travers d'un faisceau d'objets (pochettes, affiches, cassettes) à découvrir dans les vitrines de l'exposition permanente.

Les œuvres de Gee Vaucher - peinture, vidéo, collage - déploient un féminisme radical qui s'inscrit en droite ligne du « protest art » de l'époque. Cette radicalité sans compromission rayonne sur l'esthétique de CRASS. De fait, si G. n'est pas étrangère au mouvement Fluxus, elle ne saurait non plus être imperméable à la dureté des années Thatcher. Ces années de fer confèrent à son travail une indéniable - et légitime - violence, dévoilant avec elle une filiation plus franche du côté de certain·es artistes Dada ou des collages de David Hamilton.

Aussi les productions visuelles de Gee Vaucher préfèrent-elles la frontalité du noir & blanc aux couleurs acidulées du « swinging london ». L'ingéniosité de CRASS répond au manifeste punk du DIY (Do It Yourself) et constitue le fondement de leur engagement esthétique. Parce que le DIY ne revêt pas seulement une dimension artistique et culturelle, mais recouvre également une dimension sociale et politique, l'identité graphique du collectif est pensée pour s'inviter dans la vie de la cité. Et la bousculer.

Si l'esthétique de CRASS fait date dans le bouillonnement punk de l'époque, c'est aussi en ce qu'elle dénote. A l'instar de ses partis pris typographiques, le souci du détail confère aux productions de CRASS le statut d'objets, reconnaissables entre tous. Mais plus profondément encore, c'est par la représentation de la ruralité dans un imaginaire jusqu'alors irrémédiablement urbain que s'affirme la singularité de CRASS.

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